Le diabète est l’une des maladies chroniques non-transmissibles les plus répandues dans le monde : 425 millions d’adultes (1 sur 11) et 1 millions d’enfants en sont atteints (chiffres de la FID 2018). Véritable pandémie, le développement de cette pathologie s’accompagne de nombreux préjugés, renforçant les discriminations voire les inégalités qui touchent les individus vivant avec le diabète. Car elles sont trop nombreuses : à travers cet article, nous vous proposons de déconstruire ces stéréotypes et de mieux comprendre cette maladie, que tout le monde pense connaître mais qui reste finalement incomprise par le plus grand nombre.
Les différents types de diabète
Le diabète est une maladie qui se caractérise par une élévation chronique du taux de sucre dans le sang, appelée hyperglycémie, dont les effets à long terme sur l’organisme peuvent entraîner des complications graves. La maladie se déclare lorsque la production d’insuline, l’hormone régulatrice de la glycémie produite par le pancréas, devient insuffisante ou inefficace, selon différentes causes. Il existe en effet plusieurs types de diabète, plus ou moins prévalents au sein de la population :
- Le diabète de type 2 : c’est la forme de diabète la plus répandue qui représente environ 90% des personnes atteintes, principalement adultes. Elle se caractérise par un état qualifié de « résistance à l’insuline », un phénomène normal avec l’âge qui peut être aggravé par différents facteurs de risque : le surpoids et l’obésité, l’ethnicité, les antécédents familiaux, mais également le mode de vie (sédentarisme, alimentation déséquilibrée, stress, tabagisme…). Contrairement aux croyances communes, l’hérédité est l’un des facteurs de risque principal du diabète de type 2, qui varie entre 40% et 70% dans le cas où les deux parents sont atteints par la maladie. Son traitement implique prioritairement l’adoption d’un mode de vie sain (alimentation, activité physique) et si besoin des médicaments oraux, voire des injections d’insuline.
- Le diabète de type 1 : le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, c’est-à-dire qu’elle résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui se retourne contre les cellules productrices d’insuline dans le pancréas. Les personnes atteintes du diabète de type 1 (8-9% des cas de diabète) ne produisent donc plus d’insuline : elles sont obligées de s’en administrer quotidiennement (par injections, ou pompe à insuline) pour maintenir leur glycémie sous contrôle, et ne pourraient vivre sans. La maladie se déclare généralement chez les enfants, adolescents ou les jeunes adultes mais peut apparaître à tout âge, et son origine reste inconnue. Il est néanmoins admis que la combinaison de facteurs génétiques et environnementaux (ex : virus, toxines, alimentation…) jouent un rôle dans l’apparition de la maladie, et expliquent également sa répartition géographique hétérogène. A l’heure actuelle, il n’existe aucun moyen de prévenir l’apparition du diabète de type 1.
- Diabète monogénique : forme rare de diabète (1-2% des cas), il résulte d’une mutation d’un gène dominant et s’explique essentiellement par des prédispositions génétiques héréditaires : il touche généralement 50% des individus d’une même génération familiale. Ce diabète se manifeste le plus souvent avant 25 ans mais ressemble plus à un type 2 qu’à un type 1, d’où son appellation « Mody » qui provient de l’anglais « Maturity-Onset Diabetes of the Young ». Le traitement du diabète de type MODY dépend du niveau d’hyperglycémie : beaucoup n’ont pas besoin de traitement médicamenteux, mais certains doivent prendre des antidiabétiques oraux voire de l’insuline.
- Diabète gestationnel ou diabète pendant la grossesse : c’est une forme de diabète qui touche les femmes enceintes pendant les deuxième et troisième trimestres, même s’il peut survenir à tout moment. Il résulte notamment d’une production d’hormones par le placenta diminuant l’action de l’insuline, associée à d’autres facteurs de risques (âge, surpoids, antécédents familiaux). C’est un diabète temporaire qui disparait à la fin de la grossesse, mais qui augmente les risques de développer un diabète de type 2 par la suite pour 50% des femmes.
- Diabète secondaire : le diabète secondaire apparaît à la suite de complications médicales, dues à la prise de médicaments (ex : corticostéroïdes), à la suite de greffes d’organes (ex : foie) ou d’autres maladies (troubles hormonaux, maladies du pancréas…).
Mettre fin aux stéréotypes sur le diabète
La compréhension des différents types de diabète, de leurs causes et de leurs implications vise à déconstruire plusieurs stéréotypes discriminants prévalents dans la société :
- Non, les personnes atteintes du diabète ne sont pas responsables de leur maladie : personne ne choisit d’avoir le diabète, tout comme personne ne choisit d’avoir un cancer, un handicap ou autre. Il est important de rappeler que le diabète de type 2 dépend d’un certain nombre de facteurs de risques sur lesquels les individus ont plus ou moins de marge de manœuvre, mais en aucun cas personne ne « mérite » de l’avoir.
- Non, ce n’est pas parce que l’on a mangé trop de sucre que l’on devient diabétique : certes, des études récentes ont révélé l’existence d’un lien entre une consommation élevée de boissons sucrées et le risque de diabète de Type 2. Mais ce sont principalement les graisses qui jouent un rôle dans la formation de l’insulinorésistance ! Néanmoins, il s’agit également de rappeler que ce type de diabète résulte d’une combinaison de facteur, que l’alimentation sucrée n’intervient pas dans le déclenchement des autres types de diabète (type 1, gestationnel, monogénique, secondaire) et que certaines personnes qui mangent beaucoup de glucides n’auront jamais cette maladie.
- Non, il n’y a pas de « petits » et de « grands » diabètes : l’importance du diabète ne se mesure pas par le niveau de glycémie ou la quantité d’insuline administrée. Les complications du diabète peuvent, elles, avoir de graves conséquences. Dans tous les cas et peu importe son type, cette maladie a de nombreuses implications sur le quotidien qu’il ne s’agit pas de minimiser en attribuant un qualificatif du type « petit » ou « grand ».
- Non, ce n’est pas « la mort » d’être diabétique : toute maladie chronique a des conséquences importantes sur la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes. Mais cela ne les empêche pas de vivre une vie normale, longue, saine et heureuse, dès lors qu’ils suivent leurs traitements et suivent de près l’évolution de la maladie. Cela ne les empêche pas non plus de se faire plaisir, avec des pâtisseries ou autre produits sucrés (et elles n’ont pas besoin qu’on leur fasse remarquer !). Tout le monde peut s’adapter aux contraintes de la maladie, qui peuvent également apporter du positif : une conscience de son corps et de ses limites, de belles rencontres, le développement de qualités humaines (adaptation, empathie…), et un bon équilibre de vie !